L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES n°78

Publié le par christian

No future ? En ces temps plus que difficiles pour des millions de travailleurs et leurs familles, alors que de toutes parts les conditions de travail, de logement, d’existence sont remises en cause, il est nécessaire de débusquer ceux qui se vautrent dans de scandaleux privilèges.
Qui sont-ils ? Les banquiers, les spéculateurs qui, après avoir brûlé des sommes colossales, se voient offrir par le gouvernement des centaines de milliards d’euros d’aide et de dédommagement  ? Vous n’y êtes pas. Un honorable chercheur à Sciences-Po et «  spécialiste de la protection sociale », à qui Le Parisien offre généreusement ses pages d’ouverture ce 21 décembre, a découvert le pot-aux-roses : la «  génération privilégiée  » des « papy-boomers ».
Oui : si vous avez aujourd’hui entre 60 et 70 ans, vous êtes coupable. Inutile de dissimuler plus longtemps : notre « spécialiste  » a fait la liste de vos privilèges : une retraite qui « en moyenne (…) est plutôt de 1 200 euros », après une vie durant laquelle vous avez «  eu la chance de connaître le plein emploi, de pouvoir acheter votre logement pas trop cher et de bénéficier d’un allongement très fort de la durée de vie ».
D’où cette conclusion : «  Pas de problème de santé, d’argent ou de chômage, c’est la vie que tout le monde rêverait d’avoir. » Passons sur l’imbécillité du propos. 1 200 euros en moyenne… ça n’est qu’une moyenne justement. Combien de retraités survivent, et encore, avec quelques centaines d’euros par mois ! Quant à la peinture idyllique d’une génération qui n’a connu de problème ni d’argent, ni de santé, ni de chômage, on repassera…
Mais cette romance à l’eau de rose n’a rien de gratuit. C’est une mise en garde : «  Les générations suivantes ne pourront pas profiter de ce même modèle de vie. Cette génération est une exception historique. On n’a jamais connu une telle situation avant et on ne la connaîtra pas après. »
Ainsi donc, pour quiconque a moins de 60 ans et a fortiori pour ceux qui entrent aujourd’hui sur le marché du travail, ce serait : no future ! Qui décide cela ? Qui décrète que garantir à chacun un vrai travail, un vrai salaire, un logement décent et une Sécurité sociale couvrant les salariés contre les aléas de la vie serait aujourd’hui impossible ?
Qui décrète que, pour reprendre les termes de notre honorable « spécialiste », la «  génération relativement riche » (sic !) des 60-70 ans doit être ponctionnée afin de « participer autant que les actifs au financement de notre système de santé et de retraite  » ! Nous y voilà ! Ici se profilent les contre-réformes qui en 2010 devraient frapper à nouveau les régimes de retraite ! Répétons-le, qui décrète tout cela ? Les capitalistes, les banquiers, le gouvernement à leur service ? Oui, et aussi tous les responsables politiques — y compris ceux de « gauche » — qui entonnent le même refrain des « réformes nécessaires » de nos retraites et de notre protection sociale. Et aussi tous ceux — souvent les mêmes — qui, tournant le dos à l’exigence de l’interdiction des licenciements, s’engouffrent dans les états généraux de l’industrie organisés par le gouvernement Sarkozy.
Que cela plaise ou non, les jeunes générations n’ont aucune raison de renoncer à bénéficier des mêmes garanties collectives arrachées dans la lutte de classe par les générations précédentes. Aucune fatalité ne saurait y contraindre. L’unité des rangs ouvriers sur les mots d’ordre de défense et de reconquête des droits et garanties sera au centre des combats de classe à venir en 2010. Sur le plan qui est le sien, le Parti ouvrier indépendant y contribuera.
PAR DANIEL GLUCKSTEIN
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